Article paru dans "Le Progrès" le mardi 27 mars 2007
Amiante : décès d'un ouvrier du site SNCF d'Oullins
André serait le premier cheminot en activité de ce site de maintenance du matériel à décéder d'une maladie liée à l'amiante
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En octobre dernier, les syndicats CGT et Sud-Rail s'alarmaient des conditions de travail des cheminots du site de maintenance du matériel d'Oullins travaillant en contact avec de l'amiante (voir le Progrès du 12/10/06). Trois cheminots ouvriers du site (dont l'un avait été exposé auparavant à Rouen) avaient déclaré des maladies liées à l'amiante.
L'un d'eux, André, 53 ans, vient de décéder il y a quinze jours des suites d'un cancer. Un mésothéliome malin lui avait été diagnostiqué l'été dernier. « Il avait mal au dos. Les examens radio n'avaient rien montré, il a fallu un scanner pour découvrir ce qu'il avait », explique Jean-Claude Favret, de la CGT.
Selon son collègue, André avait commencé à travailler en 1972 sur le site d'Oullins où il était électricien. Il avait notamment, dans les années 75-80 démonté des plaques d'amiante qui protégeaient les systèmes de chauffage placés sous les sièges des automotrices 7100. André est l'un des rares agents en activité de la SNCF à décéder d'une maladie liée à l'amiante et sans doute le premier du site d'Oullins. Ils sont en revanche 30 à 40 retraités de la SNCF a décéder de ces maladies chaque année.
Encore ne s'agit-il que des cas reconnus comme maladies professionnelles par la Caisse de prévoyance de la SNCF ce qui n'est pas le cas d'André.
Ce qui provoque l'indignation de ses collègues de la CGT. Cependant, selon la direction régionale de la SNCF ce « dossier n'est pas bouclé ». « Il est toujours en cours d'examen », précise Sylvie Plot, directrice de la communication.
Un audit positif
A la suite de l'action des syndicats en octobre, la direction de la SNCF avait pris des mesures sur le site d'Oullins. Un hangar a été fermé et un site a été aménagé et dédié au démontage des matériels contenant de l'amiante. « Un audit interne a été mené en début d'année sur les procédures amiante et il montre une photographie positive, ce qui n'était pas le cas avant », souligne Sylvie Plot. Les relations se sont aussi apaisées avec le médecin du travail qui, selon les syndicats, propose aussi désormais un scanner aux personnes exposées, examen reconnu plus fiable que la radiographie pour détecter les maladies liées à l'amiante. Mais selon la CGT, les relations restent encore « très tendues avec la direction ».
Actuellement, quatre autres cheminots d'Oullins et de Vénissieux souffrent de maladies liées à l'amiante : l'un d'un cancer, les autres de plaques pleurales. Selon l'Association de défense des victimes de l'amiante, la SNCF est la 5e ou 6e entreprise touchées par l'amiante en France.
Sylvie Montaron smontaron@leprogres.fr
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